Le SNUipp-FSU a fait savoir au ministère que sans une journée banalisée les équipes enseignantes ne pourraient ni s’approprier ces projets de programmes, ni échanger collectivement sur leurs contenus.
En effet, combien d’entre nous iront, seul-e devant leur ordinateur et sur leur temps personnel, prendre le temps de lire et de s’exprimer sur ces textes ?
Alors, pour vous motiver à vous dégourdir les doigts sur vos claviers, le SNUipp-FSU 47 vous propose quelques remarques, non objectives, et à charge, puisqu’il s’agit de critiquer pour améliorer.
Voyons voir à quoi ils ressemblent
Il faut tout d’abord rassembler le matériel, 42 pages en Cycle 2, et 47 en Cycle 3.
Premier constat : le découpage des cycles est donc modifié, le cycle 2 va du CP au CE2, et le cycle 3 du CM1… à la sixième ! L’idéal pour le boulot en conseil de cycle non ?
Malgré la longueur, rien qu’en regardant les titres on voit qu’il n’y a rien sur l’instruction civique. Il faut alors se rappeler que nous avons reçu un courriel en janvier sur nos boîtes professionnelles qui causait des nouveaux programmes d’Education Morale et Civique et d’une « consultation » en ligne.
Allons même jusqu’à les lire
Sont mélangés les attendus de fin de cycle, les compétences et les connaissances à acquérir avec des exemples d’activités, des propositions de progressions sur le cycle.
Que sont devenus les savoirs, savoirs faire et savoir être ?
Les différents rédacteurs de ces textes ne mettent pas les mêmes choses derrière les entrées imposées, alors comment les enseignant-es feraient pour s’y retrouver dans tout ce fatras ?
Et quand les entrées des tableaux sont les mêmes, leurs contenus ne sont pas toujours du même niveau : conseils, autres compétences, connaissances, activités, tout est mélangé.
Il faut simplifier tout cela, sans le rendre simpliste, les enseignant-es ont besoin d’un document qui soit lisible et clair.
Que des indications de progressions et des exemples d’activités (plus explicites et développés) soient donnés dans des documents d’accompagnement c’est une très bonne idée, mais pas dans des textes officiels qui font force d’obligation.
Quelques points saillants sur le cycle 2
Etaler des formulations pompeuses, particulièrement flagrantes dans la partie français, ne permet pas de mieux enseigner.
En Langue Vivante, on comprend bien où il faut en venir, le gros du problème se situe du côté de la formation des enseignant-es…
Le contenu de la partie « questionner le monde » contient de nombreuses redondances entre le 1er tableau général et les tableaux suivants, et à l’intérieur de ceux-ci, un scientifique mélange de notions, savoirs et compétences.
Quant à la dite compétence « constater l’irréversibilité du temps qui passe » !!!, il faudra la reformuler (et éviter de regarder Retour vers le futur) !
Et sur le cycle 3
Obligation d’un PEAC (projet d’éducation artistique et culturelle) chaque année ? !
Objection ! Jusqu’à présent, les projets de classe relèvent de la liberté pédagogique des enseignant-e-s !
Six pages pour la partie Langue Vivante Etrangère ou Régionale : Longarut ! … et toujours la question de la formation des enseignant-es.
Des outils numériques pour produire du son, bien vu mais il n’y a pas que la voix et l’ordinateur qui produisent du son, les instruments et percussions aussi.
Le seul endroit où on parle un peu de méthodologie c’est dans la partie histoire et géographie.
Ecrire pour communiquer c’est seulement là aussi, pas vu en français ! Les premiers bouquins de classe à changer seront sans doute ceux d’histoire et de géographie, là il y a du changement !
Dans le monde numérique : « Mettre en œuvre des moyens de prototypage, de réalisation, de modélisation à travers des applications variées et programmées », euh, si ça se trouve on sait le faire… mais de quoi parlent-ils en clair !
Dans les deux cycles, il manque tout un pan concret sur méthodologie et autonomie, quand on entre à la « grande école », puis quand on se prépare à entrer au collège.
Voilà pour une analyse courte et à la hache ! Mais nous fournissons aussi dans Fenêtres sur Cours, revue nationale du SNUipp-FSU envoyée aux syndiqué-es et aux écoles, un dossier avec une analyse plus développée par discipline ainsi que des avis de chercheurs.
Une chose est sûre, le ministère a bien fait de nous montrer les projets et de nous demander notre avis avant de publier des textes de cette importance.
Il semblerait que pour les programmes de maternelle, le ministère ait joué le jeu et pris en compte des avis et remarques formulés lors de la consultation.
Alors ouvrons-la
avant que le serveur soit fermé !
Mylène DENIZOT