Ça y est ! Nous y sommes enfin ! Elles arrivent après les avoir si longtemps attendues, nous permettant de laisser derrière nous, à l’image de leurs enseignants, des élèves fatigués.
Ils sont fatigués du port du masque. Ils sont fatigués de la classe.
Nous sommes fatigués d’une nouvelle année covidée et de cette école protocolaire.
Une nouvelle fois, qu’ont-ils dû vivre ?
Une nouvelle fois qu’avons-nous encaissé ?
En octobre, un enseignant était décapité pour avoir fait réfléchir ses élèves sur la laïcité. Un enseignant qui dans le monde du #pas-de-vague s’était retrouvé une nouvelle fois seul pris entre le marteau de l’inspection et l’enclume de parents d’élèves. Le ministre mentait à la télé. Le président administrait des obsèques nationales. Une rentrée décalée était prescrite. Les équipes devaient avoir du temps pour échanger, pour digérer afin de la préparer car Laïcité était devenue cause nationale. Souvenons-nous ! Les écoles et établissements recevaient un mail du rectorat sur la marche à suivre… Cependant, la médication n’était pas bonne. À la souffrance venait s’ajouter l’incompréhension devant une nouvelle contre-ordonnance. L’éolienne du « en même temps » nous amenait à envoyer des mails aux élus, aux parents pour pallier l’absurdité de nos gouvernants. Une nouvelle fois l’humain n’était pas grand-chose devant la logistique. Laïcité avait alors vite disparu pour réapparaître 8 mois plus tard sous la forme d’une ordonnance où la formation serait dispensée à grande dose.
En novembre, on manquait de remplaçants alors l’inspection décidait de maintenir les constellations, de geler les autres formations et d’ouvrir le recrutement de contractuels.
En décembre, les enfants vivaient un noël désenchanté, nous vivions un réveillon à partager avec une jauge limitée. Castex annonçait l’ouverture des stations de ski sans les remontées mécaniques. Cinémas, théâtres, restaurants apprenaient qu’ils avaient pris du ferme jusqu’à la prochaine comparution devant le tribunal… pardon… jusqu’à la prochaine parution d’une annonce gouvernementale.
En janvier, on fermait les salles de sport. L’EPS devenait une activité physique de 30 min par jour. De toute façon, à force de nous matraquer à coup de français et de mathématiques, cela faisait un moment que l’enseignement de l’EPS avait été mis sur la touche.
En février, on prolongeait le conditionnement de la société, la congélation des restaurants et l’hivernation de la culture. On a commandé des vaccins qui arrivent.
En mars, on apprenait la fermeture de classe et nous voyions l’inspecteur d’académie à l’œuvre prenant des décisions loin des réalités du terrain. Regrettant son choix en juin.
En avril, nouveau confinement et école à distance pour 3 jours. Les enfants se retrouvaient à vivre des vacances chez eux, à vivre des anniversaires chez eux… Un nouveau protocole était publié où l’on apprenait que si la classe était fermée, les parents d’élèves devaient garder leurs enfants.
En mai, les enseignants considérés à risque pouvaient se faire vacciner, pour au final se retrouver dans une situation où ceux qui le souhaitaient pouvaient y aller. Pas de remplaçants. Classes fermées. Les premiers appels étaient passés. Les enfants étaient renvoyées chez eux, les parents l’acceptaient la première fois. Sauf que quand cela arrivait plusieurs fois, chez certains, l’agacement puis la colère montaient. On se retrouvait à endosser la responsabilité de l’inspection, accueillir cette colère pour la transformer en confiance envers l’école et les enseignants.
En juin, l’inspection nous annonçait que les décharges de directeurs de 4 à 7 classes pourraient être assurées par des M2 contractuels à la rentrée. Elle se rendait au chevet de Ste-Livrade et Miramont pour réparer ses erreurs. Enfin, pour l’ensemble des efforts fournis cette année, elle nous transmettait ces remerciements.
Ne cherchons plus pourquoi nous sommes usés. Il n’y a pas eu que les 11 semaines de classe de la dernière période pour expliquer la fatigue de tous.
Les élèves sont crevés pourtant on demande à ceux qui sont en difficulté de jouer les prolongations. Et nous devons jouer les alchimistes pour transformer leurs vacances en « vacances apprenantes » et autre « stage de réussite ». Imposons-leur la pression scolaire, renforçons l’illusion du mérite scolaire comme si l’école était garante d’une réussite sociale autre que la réussite scolaire.
Accordons-nous sur le fait de leur accorder un repos mérité.
Avant de penser la prochaine rentrée, préoccupons-nous de panser nos « plaies »