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École et COVID
Encore une rentrée pas comme les autres
 Mis en ligne en septembre 2021
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Notre ministre détenteur de l’alpha et l’oméga de l’éducation nationale ne bronche pas devant le variant delta.

En un an et demi de COVID, de décisions et protocoles diffusés par voie de presse avant la sortie d’une seule circulaire officielle, d’une trentaine de mises à jour de la FAQ(1) , à aucun moment un retour d’expériences n’a été proposé aux équipes qui ont dû les mettre en place ces mesures.
Si la diffusion du protocole sanitaire de la rentrée s’est faite durant la dernière semaine de juillet, l’information annonçant qu’elle se ferait au niveau 2 nous est arrivée, pour « varier » les plaisirs, par le canal du JDD le 21 août [1].
C’est dans ces lignes que l’on apprend que notre ministre aime à comparer avec la rentrée de l’année dernière. Pour en tirer des leçons ? Non. Pour en tirer profit et justifier ses choix politiques ? Possible…

Monsieur le ministre, nos constats diffèrent. L’école est un lieu de circulation du virus comme les autres.

Tout au long de l’année, nous avons livré notre analyse de la situation sanitaire dans les écoles à partir des données communiquées de façon inédite par le ministère et les académies. Ces données, dont la transparence et la publication ont été rendues nécessaires par la circulation active du virus, n’ont rendu compte que partiellement de la situation, à en juger par les écarts importants avec d’autres données, celles de Santé publique France notamment.
Plusieurs fois interrogé sur la fiabilité des chiffres publiés, le ministère a toujours prétendu être dans le juste, sans pour autant adapter les mesures sanitaires dans les écoles quand la situation le justifiait.
Au regard des remontées alarmantes au printemps 2021 comme nous le demandions depuis bien longtemps, des mesures plus fortes sont enfin mises en œuvre : fermeture de la classe dès le premier cas de COVID ou en cas de non remplacement d’une enseignante ou d’un enseignant absent, pour éviter le brassage d’élèves.

52 275 fermetures de classes (1er et 2d degrés).

Ce nombre de fermetures reflète l’impact de la crise sanitaire sur la continuité du service d’enseignement dans les écoles et établissements scolaires.
Un chiffre qui sous-estime la situation réelle puisque les fermetures de classes en raison de l’impossibilité à remplacer une ou un enseignant absent ne sont pas intégrées dans les chiffres officiels.

Une rentrée sous le signe du variant delta.

Il ne vous a pas échappé que le variant delta contrairement à l’alpha est plus contagieux et les porteurs du virus peuvent contracter des formes graves. La nouveauté principale est sa diffusion exponentielle chez les enfants cet été.
Avant de vous présenter les différentes études qui montrent ce que change le nouveau variant au niveau des enfants, nous souhaitions rappeler deux notions importantes.

Taux d’incidence et taux de reproduction.

Le taux d’incidence correspond au nombre de personnes testées positives (RT-PCR et test antigénique) pour la première fois depuis plus de 60 jours rapporté à la taille de la population. Il est exprimé pour 100 000 habitants et permet de comparer des zones géographiques entre elles.
Le taux de reproduction ® lui désigne le nombre moyen de personnes contaminées par le porteur du virus. Ainsi, si une personne infectée contamine en moyenne 3 autres personnes alors le R=3. Il est important puisque s’il est inférieur à 1 l’épidémie régresse et au contraire, s’il est supérieur à 1 l’épidémie progresse.
Cela peut paraître contre intuitif mais il est possible que le taux de reproduction R soit inférieur à 1 et que le taux d’incidence reste très élevé.
Par exemple, si dans une région où l’on a pratiqué 4 000 tests, 1 000 malades contaminent 1 000 autres personnes, le taux d’incidence sera très élevé mais le taux de reproduction R ne sera que de 1.
De la même manière, si dans une région où on a pratiqué 4 000 tests, 50 malades infectent 200 personnes, le taux d’incidence sera beaucoup plus bas, mais le R effectif sera de 4 [2].

Le variant delta et les enfants.

Santé publique France relève que « chez les jeunes enfants, les taux d’incidence sont en augmentation dans toutes les classes d’âge : 65 [cas] pour 100 000 habitants chez les 0-2 ans (soit +17 %), 95 chez les 3-5 ans (+15 %) et 200 chez les 6-10 ans (+14 %) ».
Ainsi, chez les enfants de 0 à 9 ans, les contaminations ont été multipliées par 10 en quelques semaines, passant de 856 cas recensés entre le 21 et le 27 juin à 8 516 nouveaux cas enregistrés entre le 2 et le 8 août, selon les données collectées par CovidTracker [3].
Dans sa note d’alerte actualisée au 25 août, le Conseil scientifique affirme que « l’émergence du variant delta à transmissibilité augmentée fait redouter une épidémie pédiatrique à la rentrée dans un contexte de non-vaccination chez les moins de 12 ans, et un taux de couverture vaccinale de 50% chez les 12-17 ans. […]
Récemment, des cas de formes sévères chez des enfants de moins de 6 ans justifiant un séjour en soins critiques ont été décrites en Nouvelle-Aquitaine, en Guadeloupe et en Martinique, mais sans augmentation significative au niveau national. Ceci justifie une surveillance épidémiologique particulière car l’impact de tels cas sévères pédiatriques, s’il était confirmé, pourrait être important d’un point de vue sociétal (plus que l’impact sur le système hospitalier lui-même) [4]. »

Bien avant la crise sanitaire, nous demandions le recrutement massif de nouveaux enseignants afin de baisser le nombre d’enfants par classe.
Depuis le début de la crise, face au constat de la diffusion du virus par aérosol nous demandons l’investissement de l’État en capteurs de CO2 et purificateurs d’air car, selon le principe d’égalité applicable à l’ensemble des territoires, cela ne doit pas revenir à la seule charge des collectivités.
Si le dialogue social (dont le ministre fait la promotion) avait eu lieu alors cette année et demie aurait pu nous permettre d’avoir une rentrée 2021 moins difficile.
Monsieur le ministre, notre constat diffère une nouvelle fois et il est à craindre que la rentrée soit très compliquée surtout dans le cas de fermetures itératives de classes dès le premier cas positif.

Guillaume Arruat