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Journal du confinement
 Mis en ligne en mars 2020
 Modifié le 22 avril 2020
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Le SNUipp-FSU 47 publie le « Journal du confinement » basé sur vos témoignages.

Voir le formulaire pour témoigner : article 5758

L’objectif est de garder les traces du quotidien du confinement, de la « continuité » pédagogique, de la solidarité avec les soignants : vos difficultés, vos errements, les injonctions, les outils numériques, les conséquences inattendues, la solidarité, les relations avec les élèves, les parents, voire au sein de sa cellule familiale…

Tous ces petits riens qui seront vite oubliés dans un avenir proche, aussi bien par notre hiérarchie que nos gouvernants.
Tous ces petits riens qui participent tous à la vision collective de notre métier.

21/04/20

Pour une fois question concrète d’un journaliste :
prenons par exemple une rentrée le 11 mai pour une classe de CP vous dites de faire 2 groupes mais vous ne pouvez pas séparer en 2 l’enseignant, que ça faire le deuxième groupe ?
Réponse de notre ministre :
le second groupe travaillera avec l’enseignant de Ce1 par exemple dont la classe n’a pas repris.

Je suis enseignante en maternelle et je comprends le besoin de solidarité mais là je bloque. La moitié de mes élèves met les jouets dans la bouche, touche à tout… pour moi ma classe reprend le 25 mai mais je dois être présente sur internet pour assurer la continuité pédagogique (les parents me contactent chaque semaine) et je comptais utiliser ce temps entre le 12 et le 19 mai pour sécuriser ma classe, enlever les jeux pour n’en garder qu’un ou 2 en classe, préparer des barquettes individuelles pour le matériel, préparer le roulement car je ne pourrais prendre que la moiti é de ma classe ( et que faire des TPS ?).

Impossible d’assurer cela, de faire ce que je considère mon devoir envers mes élèves, si je travaille avec les plus grands à partir du 11 mai. Alors comment faire ?
SA

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17/04/20

Déjà un mois que nous avons quitté la classe.
Déjà un mois que nous nous escrimons à inventer tous les jours avec nos pauvres moyens personnels, sans aide technique, une sorte de classe verte déconcentrée.
Voilà un mois que nos collègues attendaient dans les pôles des masques qui étaient commandés, puis qui étaient en cours de chargement, puis qui étaient arrivés, puis qui allaient être distribués.
Déjà un mois qu’on s’aperçoit dans ces mêmes pôles que des enfants sont présents pour que l’un de leurs parents puisse aller à Auchan ou Gifi, s’occuper des stocks pour continuer à engraisser leurs patrons et leurs actionnaires : dans l’académie de Montpellier, les conditions d’accueil ont été bien plus strictes. Déjà un mois que toutes les semaines, un scandale au plus haut niveau de l’état me met le coeur au bord des lèvres :
  • des chiffres de mortalité incomplets, ou sous-estimés comme en Chine ou dans nos Ehpad,
  • des ministres qui pensent qu’on peut très bien aller ramasser des fraises, ou garder sans masque des enfants potentielles bombes à virus,
  • le directeur régional de l’ARS grand-est qui avoue benoîtement que malgré la crise, les postes de soignants et les lits dans les hôpitaux vont continuer à disparaître,
  • le dangereux préfet de Paris qui mélange morbidité et attestation de sortie,
  • le nouveau siège du parti En Marche qui va coûter 41 millions d’euros, comme par hasard dans le 8e arrondissement de Paris, avec l’argent de l’état, notre argent !
  • les responsables qui passent à la télé pour montrer leur compassion, alors que de Macron à Hirsch, de Salomon à Véran, de Blanquer à Darmanin, ce sont ces mêmes fossoyeurs des services publics qui tentent de nous faire croire qu’ils maîtrisent la situation, laquelle leur échappe aussi vite qu’une connexion au Cned ou au webmail de la Dsden.

Mais ce sont les vacances ! On va pouvoir enfin respirer. Enfin, pas trop vite parce que le Medef veut que les travailleurs reviennent faire leurs 60 heures sans protection ni physique, ni sociale.
Parce que les agriculteurs, érigés en héros de l’alimentation, sont autorisés à pulvériser leurs poisons dans les champs qui jouxtent nos maisons, nos villages et nos écoles.
Parce que de grands artistes ou écrivains, des soignants meurent tous les jours du Covid19, hélas bien plus que de politiques.
Bref, le monde d’après me semble déjà bien gris.
MT

13/04/20

Des stages de soutien à distance maintenant !!!
C’est fou, quand on pense que ce gouvernement et ce ministère ne pourront pas être plus absurdes, ils arrivent encore et toujours à monter sur l’échelle du foutage de gueule.
Donc les gamins qui sont largués car pas d’ordi, pas de tablette, pas de connexion, personne qui peut aider à la maison,… on va les sauver en leur proposant de bosser 4 x 1h30 pendant les vacances… à distance.
Mais ce n’est pas seulement que les décideurs d’en haut ne savent pas comment on apprend, comment fonctionne un enfant, ou ce qui se passe sur le terrain, c’est qu’ils s’en fichent.
Et pour avoir l’impression de se maintenir hors de l’eau, ils appuient sur nous, sur les parents, sur les gamins, et ils nous noient. Et en plus ils réussissent à culpabiliser des collègues qui envoient des tonnes de boulot. Il leur faut des chiffres pour afficher qu’ils font quelque chose, il faut remplir des enquêtes pour qu’ils fassent croire qu’ils savent ce qui se passe et que tout est sous contrôle.
C’est quoi la prochaine étape, il va falloir envoyer à nos élèves des évaluations à faire par téléphone pour remplir les livrets en fin d’année ?
MD


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06/04/20

Sans commentaire…

LM

05/04/20

Enervement quand l’IEN annonce que le dispositif de La Poste qui permet à des élèves de recevoir leurs activités en version papier ne sera ouvert qu’à certaines écoles.
Je trouve cela scandaleux. En gros le bus de l’Education nationale va passer pour les enfants qui sont laissés sur le bord du chemin depuis 3 semaines. Mais le bus est déjà plein donc on va pousser les autres gosses dans le fossé…
Et les enseignants, pauvres agents pédestres, vont devoir sauter dans le fossé pour essayer de les récupérer. Comment se fait-il que ce dispositif ne puisse pas s’ouvrir à toutes les écoles ?!? Et qu’on ne me dise pas que ça coûte trop cher…
Choisir des enfants en difficulté plutôt que d’autres qui ont les mêmes difficultés me dégoûtent ! Même politique que pour choisir qui on va mettre sous respirateur…
DD

01/04/20

J’aimerais tellement pouvoir trouver le temps de m’ennuyer… !!
Cordiales pensées à tous, et en particulier aux collègues qui gèrent aussi des multi-niveaux… !! Occasion unique, s’il en est, de structurer stratégiquement les envois et réceptions de mails…
D’ailleurs le dernier en date me rappelle que je ne n’ai pas édité le volet 1 des dossiers d’admission en 6°… Suis-je bête, comment ai-je pu oublier mes tâches de direction ???
Bon courage à tous.
SI


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28/03/20

Je cours comme Stromae !
Depuis jeudi, date d’annonce de la fermeture des écoles, je n’ai pas couru… J’ai sprinté. Comme un hamster dans sa roue, dès le vendredi, au milieu de tous les mails et injonctions, j’ai couru pour finir par revenir au point de départ. Franchement, je n’étais pas prêt.
Pas prêt à partir de la classe. Pas prêt à recevoir des SMS le dimanche soir de la part du rectorat. Et pourtant, j’ai tout fait comme on me l’a demandé en trébuchant certes mais sans me résigner, sans m’arrêter de courir. Je suis prof, donc j’ai les symptômes du bon élève ou de celui qui essaie de l’être. Bref, la semaine dernière et celle d’avant j’ai sprinté.
Il a fallu s’adapter, courir à gauche et à droite, car visiblement il n’y avait pas que moi qui n’étais pas prêt ou je dirai plutôt que les enseignants se sont vite avoués qu’ils n’étaient pas prêts contrairement à la communication ministérielle aveugle, obnubiler par le rendement et la performance.
J’en arrive à me fatiguer. Qu’est-ce que je fous à vouloir créer ! Je ne parle pas des enregistrements audios pour que les CM fassent les dictées en autonomie. Non, je parle de la maladie du « plaisir des élèves et des parents » qui me touche.
Je fais en sorte que les parents n’aient rien à imprimer, que les élèves fassent le maximum du travail par écrit et non sur ordi ou à faire des fiches. Je fais en sorte d’être à leur écoute, à l’écoute des élèves. Sincèrement, je me fatigue !
Cette voix qui me pousse à courir - parfois plus pour plaire qu’à faire plaisir - à combler le vide, à y courir dedans. Sincèrement, je m’use.
Usure de vouloir trop bien faire. Usure de devoir s’adapter, d’essayer de s’y retrouver.
Usure des sms du rectorat le dimanche après-midi ou en soirée.
Usure d’entendre des mensonges gouvernementaux.
Usure de sprinter alors qu’on est parti sur un marathon. J’étais en colère. En fait, je suis en colère. Je n’évoquerai pas la politique je serai insultant et je ne suis pas Sibeth.
Par contre, ce que je souhaite souligner, comme un signe du temps actuels, ce sont les remerciements quotidiens, hebdomadaires, des principaux intéressés : les parents et les élèves. L’invisible devient visible. Là est ma récompense de cette course d’usure, celle qui me pousse après un week-end à respirer, à repartir sur la piste.
GA
Bonjour, 2 semaines que nous avons quitté nos écoles.
2 semaines que nous découvrons une nouvelle manière de faire notre métier alors que, par manque de formation continue, nous n’y sommes pas formés ou nous sommes formés tout seul.
2 semaines que nous restons les bras ballants devant les erreurs 404, 540 et autre rupture de SMTP, après avoir préparé le travail, rédigé les réponses personnalisées.
Mais le gouvernement se met en quatre pour nous distraire, surtout Sibeth. Ah ! Nous devons remercier Sibeth, car grâce à son ignorance crasse du monde enseignant, elle a obligé Blanquer à sortir de son sommeil post-chloroquine.
« Oh, M’sieur le Ministre, ya S’beth qu’en a sorti une bien bonne, faut vous réveiller parce que là, elle va nous mettre toute la profession en grève virtuelle, ouech ! » « Ronflll, hein ? Je dors pas, je réfléchissais !
Allez le stagiaire volontaire, éléments de langage, on va leur dire qu’on les kiffe nos troupes ! » Ils parlent comme ça là haut, parce que c’est la guerre…
Et on a reçu la plus belle lettre d’amour depuis le départ de Benoît Hamon notre éphémère ministre de deux mois. Si, si, je vous l’assure, Une lettre d’amour ! Bon c’est vrai ce n’est pas lui qui l’a écrite de sa belle main blanche, mais j’aime à croire que la potion a été difficile à avaler pour Blanquer qui d’habitude nous méprise.
Et vous allez voir que nos sous-chefs vont lui emboîter le pas et nous dire qu’ils nous aiment, vive le service public, vive la France !
D’un autre côté, ce même gouvernement prépare des lois pour pouvoir exploiter encore plus les petites mains de la croissance qui arrive : il n’y a pas de temps à perdre pour les saloperies et la régression sociale sur le dos des « héros » de la santé et de l’économie capitaliste.
Bon, profitons tout de même de ces évènements tragi-comiques pour lire et relire Astérix et Obélix en hommage à Uderzo (et Goscinny), écouter et réécouter Manu Dibango pour honorer ce grand et merveilleux saxophoniste.
MT

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27/03/20

Ce que M Blanquer aurait dû dire aux parents
Ne craignez pas que votre enfant régresse. Tout le monde est dans le même bateau. Faites au mieux et tout ira bien.
Ne bataillez pas s’ils ne veulent pas faire tel ou tel exercice. Ne leur criez pas dessus. N’imposez pas de temps d’apprentissage s’ils y résistent.
Ce dont les enfants ont besoin en ce moment, c’est de se sentir réconfortés et aimés. Sentir que tout ira bien.
Lisez avec eux. Proposez-leur de jouer avec eux, de discuter en famille, d’écouter de musique, de cuisiner, de se blottir sous des couvertures bien chaudes, et … pourquoi pas… de s’ennuyer …. c’est aussi ça la vie.
Lorsque le retour en classe sera possible, les enseignant-es sauront prendre vos enfants là où ils en sont. Ce sont des experts en la matière !
ED
On dirait que c’est plus facile d’accéder à l’ENT mais le problème c’est que de nombreux élèves et parents se sont découragés. Et puis, la plus grosse difficulté c’est de trouver des activités qui puissent être réalisées par tous les élèves, même ceux qui n’ont aucun moyen de connexion, même ceux qui n’ont pas de matériel pour des activités manuelles, même ceux dont les parents ne sont pas en capacité d’aider en français.
La continuité pédagogique ce n’est pas du tout le bon terme. Si déjà on arrive à entrer en contact avec tous nos élèves ce sera bien.
AL
2 semaines, seulement 2 semaines et j’ai l’impression que cela fait des mois.
Impossible de gérer à la fois mes enfants, leurs devoirs, et le télétravail. Et je suis enseignante. Il a fallu faire un roulement pour l’utilisation de l’ordinateur et encore on s’estime heureux d’en avoir un.
Sans parler de la connexion qui saute et des messageries qui saturent ! Cela fait sourire de voir passer les blagues sur les parents qui découvrent qu’enseigner c’est un métier.
Mais c’est un métier qui se fait avec les bons outils et dans les bonnes conditions parce que là ce n’est plus possible. Comment peut-on demander à des enfants de se concentrer plusieurs heures dans la journée alors que depuis 15 jours ils n’ont plus de sas de décompression.
PM


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26/03/20

Échange de mails parents / enseignants :
Bonjour M. xxxxx. Mon fils avance dans ses devoirs tranquillement, « sans pression », il a bien compris ! Il a pour l’instant fait 7 pages sur son cahier de brouillon. Est ce que vous voulez les recevoir par mail ou j’attends qu’il termine complètement ? Passez une bonne journée et portez vous bien.

Bonjour à vous tous, Déjà félicitation à xxxxx … et à vous aussi. Vous n’êtes pas obligée de tout m’envoyer.
Quelques exemples suffiront, surtout s’il y a eu une difficulté ou une hésitation. Si possible, j’aimerais avoir une photo de l’espace où travaille xxxxx, histoire de voir comment il s’organise. Bonne journée à vous aussi, et bon courage,

À priori, pas d’hésitation ni de difficultés. Je viens de lui dire qu’il fallait prendre une photo de son espace de travail. Du coup il est vite parti ranger son bureau : Merci !!! Bonne continuation à vous et à bientôt !
ED

25/03/20

Et pendant que nous tentons de faire notre boulot,avec nos propres moyens et l’énergie du désespoir, non seulement nous devons faire face à l’incompétence de notre ministre, mais aussi au mépris du gouvernement.
En évoquant l’aide aux agriculteurs, Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement vient d’affirmer : « Nous n’entendons pas demander à un enseignant qui aujourd’hui ne travaille pas de traverser toute la France pour aller récolter des fraises ». Elle aurait mieux fait de ne pas la ramener… sa fraise !
MD


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24/03/20

JOUR 1

Mercredi 18 mars. Premier jour à quatre à la maison. Journée ensoleillée, les enfants ont pu profiter du jardin. Pas encore de nouvelles de la maîtresse, j’imagine qu’il faut le temps de s’organiser. Ce midi, apéritif en famille, jeux l’après-midi ; Mathilde avait fait un gâteau au chocolat pour le goûter. Petit air de vacances !

JOUR 2

Jeudi 19 mars. Première tonte de l’année ! J’adore l’odeur de l’herbe coupée. Les arbres sont en bourgeons, les tulipes sortent de terre, les premiers jours de printemps sont toujours agréables !
Foot avec les enfants qui ont fini par se disputer, comme toujours. La vie s’organise tranquillement.

JOUR 3

Vendredi 20 mars. Les premiers devoirs sont tombés pour Mathis : révisions sur les divisions. Surtout rester calme…
Léa fait des dessins pour papa et maman. Trop mignon.

JOUR 5

Dimanche 22 mars. Le jardin est au carré, on dirait Versailles ! Comme quoi il y a toujours du bon à prendre ! Mathilde a les mains dans la farine la moitié du temps : gare aux kilos en trop !
Léa a épuisé la moitié du stock de pages blanches, c’est moche pour la planète.
Côté divisions, on rame…

JOUR 7

Mercredi 25 mars. Si Mathis me demande encore une fois ce qu’est un dividende, je lui fais manger son cahier !
Léa a enfoncé toutes les pointes de feutres et chouine à longueur de journée.
Mathilde s’est lancée dans la confection d’un gâteau roumain à la purée de marrons et aux pruneaux. Est-ce vraiment une bonne idée ? Le temps commence à sembler long.

JOUR 10

Samedi 28 mars. Je crois que mon fils est con, j’ai abandonné la division. On a une semaine de retard sur le travail envoyé par la maîtresse. J’ai vomi le gâteau aux marrons.

JOUR 11

Dimanche 29 mars. La caisse à outil est nickel, j’ai rangé mes clefs plates par ordre de grandeur, les marteaux par ordre croissant de poids. J’ai trié tout ce qui pouvait se trier dans la maison : clous, vis, boutons, punaises (par couleurs), slips.. Je commence à voir flou.

JOUR 14

Mercredi 1er avril. On continue sur le passé simple. La décence m’oblige à me taire. ..

JOUR 15

Je rédige une lettre à l’attention du pape pour faire canoniser la maîtresse de mon fils. J’ai envie d’écouter Céline Dion en passant l’aspirateur dans le garage.
Je crois que ça va pas le faire.

JOUR 16

Vendredi 3 avril. « Les enfants prenâmes le goûter sur la terrasse ». Bon c’est fois-ci c’est clair, Mathis n’aura pas non plus le prix Nobel de littérature… J’ai envie d’épouser sa maîtresse…je crois que je commence à délirer…
Léa regarde la télé H 24.
Mathilde a commencé une pièce montée à cinq étages. Je le sens pas trop. J’ai déjà pris cinq kilos…

JOUR 17

Samedi 4 avril. Je crois que j’ai chopé un Gilles de la Tourette avec ce putain de passé simple de merde !
La pièce montée s’est cassé la gueule.
J’ai des hallucinations, les dessins de ma fille me parlent !

JOUR 18

Dimanche 5 avril. Pour la première fois de ma vie, j’ai prié Dieu…

JOUR 19

J’ai bouffé la page du livre de conjugaison. Problème réglé…

JOUR 20

Passé la journée à chercher le chien, on l’a perdu !

JOUR 21

Merde, c’est vrai, on n’a pas de chien ! J’attaque ma cinquième bière de la journée.
Léa ressemble à un lapin qui aurait attrapé la Myxomatose.

JOUR 30

36 mars. Je suis sûr d’avoir vu passer la maîtresse de Mathis dans la pâture derrière chez nous : elle promenait son Bescherelle en laisse.
Je vais reprendre un ricard …

JOUR 31

J’ai les dents qui grattent, je transpire des yeux. Je me rends compte que mon slip est à l’envers. Comme je le porte au-dessus mon pyjama, j’ai l’air encore plus con.

JOUR 32

An 3020 après ma belle-mère. Plus de farine dans les magasins, Mathilde est prostrée sur une chaise dans la cuisine, elle fait la conversation au four.
Mathis essaye de diviser le passé simple. Léa bave devant la télévision. Les stocks de Ricard sont épuisés. Au secours…

JOUR 40

37 avril 2028. Oh putain on a remonté le temps ! Il se passe des trucs bizarres… Il y a une dame dans ma cuisine qui pleure en regardant le four, je ne sais pas du tout qui c’est.
Et cette petite assise dans le coin qui regarde en ricanant, elle me file je jetons. De toute façon je ne sais plus comment je m’appelle. Je ne sais même plus pourquoi j’écris. C’est la fin…

JOUR 50

Il s’est passé quelque chose. Il y a des gens partout, on entend « c’est fini ! », « C’est fini ! », « Plus de confinement ! ». Je ne sais pas ce qu’il se passe. Je sors pour voir. Je m’y reprends à trois fois avant de savoir enfin passer la baie vitrée. Je respire à pleins poumons. Je tombe dans les pommes.
Direction les urgences.

JOUR 60

Vendredi 15 mai. Reprise du travail depuis une semaine. Mathilde, Mathis et Léa vont bien. La vie a repris son cours normal, si ce n’est que j’ai du cholestérol, du diabète, des troubles de la personnalité (mon double ne parle qu’au passé simple et cherche à diviser tout ce qu’il peut, c’est un peu pénible…)
Mais bon nous en sommes sortis vivants ! Rendez-vous demain chez la psy, 15h30…
PG

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23/03/20

Bonjour,
Début de la 2e semaine. Certains profitent de ces temps de vacuité pour se lancer des défis rigolos:chanter sur son balcon, jouer à la raquette d’un balcon à l’autre, se prendre en photo chez soi avec un apéro virtuel…
Notre ministère lance à son tour des défis assez bêtes. Jugez-en :
1- Le Rectorat demande que les directrices/teurs, bravent le confinement, se rendent dans leurs écoles pour la procédure Affelnet d’inscription en 6e, passent à la Poste porter les courriers et acheter des timbres.
2- Le ministre Blanquer dans Le Point du 22 mars 2020 demande aux enseignants d’appeler chaque famille pour prendre de leurs nouvelles, avec leur téléphone personnel, leur forfait et numéro privés. A qui le tour ?
Ben puisqu’il faut rester enfermé, je préfère autant esquisser des pas de danse avec mes enfants, chanter, lire, jardiner, cuisiner, rigoler des blagues reçues des collègues, m’informer, m’instruire, travailler à la maison, communiquer avec les familles par internet, quand il fonctionne,sans oublier d’avoir une pensée pour ceux qui n’ont pas la chance d’avoir un jardin et vivent à plusieurs, comme une amie, dans un 60m2 d’un immeuble parisien.
MT
Hier soir sur BFM, le ministre répondait à une maman qui demandait si elle pouvait aller à l’école chercher les devoirs de son fils.
Jean-Michel Blanquer lui a expliqué que c’est « un motif impérieux familial » qui justifie le déplacement.
Mais que se passe-t-il dans notre pays ? Les ministres n’ont-ils pas compris le risque sanitaire que nous vivons ? Ne prennent-ils pas la mesure des appels de personnels médicaux déjà saturés ?
Et face à cette épidémie, les enseignants doivent-ils obéir aux consignes du ministre ou bien obéir aux mesures sanitaires ?
Assurer une permanence pour les enfants du personnel médical : OUI.
Aller à l’école donner les fichiers de maths ou les devoirs de lecture : c’est NON !
EC

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21/03/20

Les enseignants sont sur tous les fronts, se portent volontaires pour l’accueil des enfants de soignants, gèrent leurs propres gosses à la maison et se mettent la rate au court bouillon avec la « continuité pédagogique ».
Et dans le même temps l’administration ne trouve rien de mieux que d’envoyer un COEE sur Affelnet et les passages en 6e avec des papiers à remettre aux parents le 23 mars….
Le monde entier est en crise sanitaire, et ce qui urge c’est d’envoyer de la paperasse ? On ne sait plus s’il faut en rire ou en pleurer !
MD
Bonjour à toutes et tous,
L’impression générale en cette première semaine : du bricolage au jour le jour, notre ministère totalement pris au dépourvu, ne serait-ce qu’au niveau informatique, malgré ce qu’a déclaré notre trompettant ministre. Ne parlons pas du ministère de la santé !
Des enseignants qui malgré leur classe et leurs interrogations se sont organisés en vrais professionnels dès le vendredi 13 mars (vendredi 13 !)pour informer les parents, rassurer les enfants, fournir du travail de révision pour une semaine à toutes les classes, un oeil vissé sur les informations officielles contradictoires (on accueille quand un parent est dans le service de santé, non, deux ; dans l’école de l’enfant, non dans un pôle ; il faut se confiner, non, on peut sortir jusqu’à mardi ; il faut une autorisation, non, il en faut deux, la professionnelle et la dérogatoire,etc…).
Sans compter sur ces espèces de politiciens à la noix qui, pour cacher leur impréparation, annoncent des mesures d’exception en roulant des mécaniques (couvre-feu, amendes pour les Français « imbéciles »…)substituant petit à petit une guerre contre un virus par une guerre contre les citoyens.
Allez le Printemps est là, le virus s’en ira, et on demandera des comptes !
MT
Conseils d’un médecin à des collègues qui sont volontaires pour accueillir les enfants des soignants :
"Pour les enseignants je conseille une tenue pour le travail lavable à 60 degrés. Ils mettent la tenue le matin en arrivant sur le lieu de travail, la retirent le soir avant de partir, la mettent dans un sac lavable. Le tout dans la machine à 60° le soir, douche et shampoing en rentrant chez soi avant de voir qui que se soit. C’est ce qu’on fait nous.
Lavage de main au moins toutes les heures, essayer de garder un mètre entre les enfants. Nettoyer les surfaces et poignées de porte régulièrement avec eau de javel ou sanytol régulièrement au moins deux fois le matin et idem pour l’après midi.
Éviter de se toucher le visage. Si possible masque pour les enseignants. À garder toute la journée et laisser dehors le soir dans un carton par exemple pendant 8 h. Voilà les conseils que l’on donne si ça peut aider".
MC

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20/03/20

Bonjour à toutes et à tous,
Pour l’instant, pas de pression de la part de l’IEN … à moins que ma directrice ne fasse tampon, mais je pense qu’elle m’en aurait informée.
Il l’a appelée pour lui dire qu’il connaissait nos situations (enfants en bas âge et compagnon soignant pour ma collègue, le mien travaille) et il nous a dit de rester chez nous.
Le suivi pédagogique des élèves se fait par échanges de mails. Nos parents d’élèves nous envoient des photos des productions des enfants, nous interrogent pour faire au mieux. Donc pour l’instant RAS. On fait tous au mieux.
Bon courage à tous les collègues !
CC
L’équipe pédagogique a choisi d’utiliser l’ENT47, tant vanté par la Dsden, mais il est quasiment impossible de s’y connecter et aucune réponse satisfaisante n’est proposée.
Les boîtes mails académiques, obligatoires pour communiquer avec l’administration, ne peuvent supporter des envois de documents massifs et sont elles quasiment inutilisables.
L’administration suggère alors de télécharger Thunderbird à l’aide d’un guide qu’il faut aller chercher sur le site de l’IA. Mais rapidement, cette solution montre ces limites et il faut alors appeler l’assistance pour être assisté et faire des modifications dans le paramétrage.
Le service médical joint pour connaître les mesures sanitaires dans le cas d’accueil des enfants de soignants répond 29 h après un message laconique « appliquer les gestes barrières ».
PA

17/03/20

Vendredi 13 on a réexpliqué aux CP comment on va sur l’ENT, mais sans pouvoir leur montrer car pas possible de s’y connecter. Le top en matière de pédagogie !
On a réimprimé des étiquettes avec les identifiants et on distribue mais pour les nombreux élèves qui sont déjà restés à la maison on fait comment ?
Ben on est revenu lundi à l’école et on fait des courriers aux élèves qui étaient absents.
Et lundi après-midi on reçoit un message de l’administration qui nous explique que l’ENT est en carafe et qu’il faut « privilégier les ressources du CNED » ! Et ils osent dire que l’éducation nationale était prête !
LD