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Les conclusions du Grenelle : analyse de F. Grimaud
 Mis en ligne en janvier 2021
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Analyse du Grenelle de l’éducation, proposée par Frédéric Grimaud, professeur des écoles, Docteur en sciences de l’Éducation et syndicaliste chercheur.
Blog : https://blogs.mediapart.fr/fredgrimaud/blog


Les objectifs et la méthodologie du Grenelle sont transparents et c’est avec assurance que le ministre de l’Education déploie son éventail de réformes visant à « une évolution profonde du métier enseignant ».

Dans la logique taylorienne que nous tentons de comprendre au fil des articles de ce blog, la transformation du métier et la transformation de l’école se soutiennent mutuellement. La première s’attache à soumettre le travail des professeurs des écoles, la seconde prépare la libéralisation de l’éducation nationale.
Nous analysons ici les conclusions du Grenelle par le prisme singulier des transformations du travail enseignant qui s’inscrivent dans la perspective pensée en son temps par Frederick Winslow Taylor d’organiser scientifiquement le travail.
C’est donc inévitablement par le recours à la science, à l’expertise, à la recherche, que s’installe ce Grenelle, avec le soupçon de références à l’innovation qui caractérise la posture de Jean-Michel Blanquer.

Les propositions finales de cette concertation ne sortent donc pas uniquement du cerveau de quelques « personnalités » ou « sportifs de haut niveau » mais d’un mélange « d’experts » et « d’acteurs pédagogiques innovants » savamment sélectionnés pour être majoritairement en accord explicitement ou tacitement avec la philosophie de Taylor (et de Blanquer).

Parmi les propositions de ce Grenelle se cachent donc les futurs outils de l’OSTE que nous devons repérer et comprendre. Elles sont consultables sur le site du ministère (https://www.education.gouv.fr/grene...) et sont extrêmement nombreuses. Cela explique la longueur de cet article de blog.

Au lecteur qui n’aurait pas courage ou le temps de lire cette note, je spoile la fin : Jean-Michel Blanquer va mettre en place, dans la continuité de ses prédécesseurs, des mesures visant à contraindre le travail des professeurs des écoles, à réduire leur liberté dans leur activité quotidienne, pour faire fonctionner l’école sur le modèle d’une entreprise privée, préparant sa libéralisation progressive.
L’OSTE (Organisation Scientifique du Travail Enseignant) constitue la fin et les moyens de ce tragique dessein.


L’autonomie

Le Grenelle pose une série de constats de manques de culture dont on fera l’inventaire dans cette note de blog.
Un des défauts actuels de l’école serait son manque d’une « culture de l’autonomie ». La culture de l’école étant faite par la culture professionnelle de ceux qui y travaillent, c’est donc en creux le métier enseignant qui souffre d’un manque de références à l’autonomie dans les valeurs qu’il porte.
Sans doute encore trop attachés à l’égalité républicaine, les enseignants freinent par leur travail le développement de « la culture de l’autonomie » et les propositions de ce Grenelle sont là pour y remédier.
Disons-le de manière triviale : la logique de l’autonomie, c’est celle de la rationalisation de l’organisation du travail. On définit des objectifs, des critères de réussite, on formalise un projet et on met en place un « schéma d’évaluation » (sur 5 ans dans le texte) pour réguler les pratiques au regard des attendus.
Un peu comme si les enseignants étaient sur une chaîne de production dans une usine, la logique de l’autonomie permettant de dégraisser le travail superflu. Le Grenelle ouvre les portes sans le dire au « lean management » : on organise au plus juste le travail enseignant pour répondre à des exigences que l’on définit à une échelle proche de l’école.
[…]

Frédéric Grimaud

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