Cette année scolaire a été marquée par un durcissement des conflits sur le plan international mais aussi national. Les attaques racistes, antisémites, contre les militant
es, se sont multipliées. La société apparaît sous tension. Le dialogue social est difficile, le gouvernement dirige seul, sans tenir compte de l’avis des citoyen nes, des personnels et des usager es. Pour affaiblir et déstabiliser les services publics, pour le profit des stratégies individuelles, celles-là même qui favorisent les classes sociales les plus aisées.Cette année nous avons perdu une collègue assassinée, nous avons perdu des collègues qui ne supportaient plus les souffrances qui leur étaient infligées par le système éducatif.
Nous avons perdu des collègues, des camarades pour cause de maladie, certaines bien trop tôt.
Cette année a vu une aggravation des conditions de vie des élèves les plus défavorisé
es. L’injustice est d’autant plus grande que notre pays est aussi l’un des plus inégalitaires dans le domaine de l’éducation. Année après année, les tests de niveaux scolaires montrent à quel point l’école française profite beaucoup plus aux enfants de parents diplômés qu’à ceux de milieux populaires.Cette année a parfois été celle de trop ou presque. On pense à nos collègues, enseignante et AESH, qui ont hérité du « petit Kéké », champion du lancer de mobilier, du roulé-boulé et des combats de boxe dans la classe et la cour de récré. Mais l’inspecteur est venu et leur a dit : « Tenez bon ce n’est pas de votre faute, vous faites au mieux. » Alors tout allait beaucoup mieux, évidemment !
Nous pensons à toutes celles et ceux qui ont tenu jusqu’à ce que leur corps leur dise : « Stop ! »
Notre école est bien mal menée ! Les injonctions tombent comme des devoirs-surprises en 4e, les programmes changent plus vite que les élèves ne perdent leurs stylos, et la reconnaissance se fait plus rare qu’une salle des maîtres
Ordres qui nous demandent de jongler avec Adage et Sortie Sco, les constellations atomisées, les évaluations standardisées toujours aussi mal conçues, sources de pressions et si chères alors qu’on galère pour avoir un budget correct de fournitures.
On nous demande d’être prof, AESH, psy, magicien ne, médiatrice, médiateur, infirmier e, assistant e social e, coach de vie, informaticien ne, pro de la décoration de salle de classe, influenceur euse du padlet de l’école, cette liste à la Prévert pourrait faire rire si elle n’était pas à pleurer.
On a fait du français et des maths (beaucoup, beaucoup, beaucoup, trop), des ateliers d’empathie, des goûters d’anniversaire, des conseils d’école parfois délicats, des rencontres parents-profs. On a ri, on a pleuré, on a râlé et parfois même on a eu des moments de grâce, les bons, ceux qui nous donnent envie, ceux que les bureaucrates ne prennent pas en considération parce que ça ne rentre pas dans le tableur d’évaluation des objectifs prioritaires ministériels.
Alors que vous soyez au début, au milieu ou à la fin de la carrière, ou en mode « retraite » un grand bravo à toutes celles et ceux qui tentent ou ont tenté de faire de l’école, de la société, un espace de liberté, d’émancipation et de construction d’un avenir pour les jeunes et les moins jeunes.
Pour se motiver, même si cette année côté militantisme, ce n’était pas vraiment la grande fête : pas de grandes manifs, pas de collectifs survoltés, si le déni de démocratie sur les retraites (un de plus !) a laissé des traces, on est bien décidé es à ne rien lâcher, dans les instances, les écoles, la rue.
On se retrouve en septembre, reposé
Bonnes vacances, à bientôt !
Le secrétariat de
la FSU-SNUipp47.