Le passage du cyclone Chido sur Mayotte a laissé l’île dans un état de désolation. Les zones précaires, comme Khaweni, le plus grand bidonville de France, ont été les plus violemment touchées, réduites à des amas de tôles et de débris.
« C’est un désastre, tout est tombé à terre », témoigne dans La Marseillaise Rivomalala Rakotondravelo, co-secrétaire départemental de la FSU-SNUipp Mayotte. Pour la population le bilan est dramatique, dans un territoire déjà marqué par des inégalités structurelles. La FSU-SNUipp appelle à participer à la collecte organisée par Solidarité Laïque à destination des sinistré
es.Les écoles, refuge de fortune
Certaines écoles, encore debout, servent aujourd’hui d’abri pour 5 000 sinistré
es. Mais ces bâtiments sont loin d’être épargnés. « Si des écoles perdent leurs toitures, c’est que les normes n’étaient pas respectées », déplore Rivomalala. La vétusté des infrastructures scolaires (80 % des écoles n’étaient déjà pas aux normes de sécurité), dénoncée depuis des années, a amplifié les dégâts. Si le Recteur annonce que la rentrée scolaire est toujours prévue le 13 janvier, une reprise « normale » est une illusion et le risque est bien d’avoir une année blanche. Interrogé à ce sujet, le ministère envisage une rentrée décalée en fonction de la réalité de chaque école. Pour la FSU-SNUipp, le ministère semble minimiser l’ampleur de la catastrophe, dans l’état actuel des choses, l’urgence est de réparer durablement et de sécuriser les lieux.Une urgence humanitaire
Une grande partie de l’île est privée d’eau, d’électricité et de moyens de communication. Les blessures causées par les tôles volantes, les difficultés d’accès à l’hôpital et l’isolement compliquent encore la situation. Rivomalala souligne : « Les autorités ont laissé les gens à l’abandon. Tout le monde savait que ça serait catastrophique. »
Quelques jours après la catastrophe, l’aide de l’Etat peine à arriver et les risques d’infection et de maladies s’accroissent de jour en jour. La population sur place exprime encore plus ce sentiment d’abandon.
Mayotte : symptôme d’une « école en sous-France »
La catastrophe actuelle met en lumière l’abandon structurel de Mayotte dont celui de son système éducatif, en écho à la campagne "École en sous-France" portée par la FSU-SNUipp. Mayotte concentre un manque de moyens criants. Alors que le maillage des infrastructures scolaires était déjà insuffisant, les conséquences de leur vétusté se révèlent aujourd’hui avec violence.
Lors d’une réunion qui s’est tenue au ministère le 18 décembre, la FSU-SNUipp a rappelé cet état de fait, pointant notamment les carences de l’Etat en la matière. Elle a insisté sur la nécessité de nationaliser la reconstruction des écoles, les communes n’étant pas en mesure d’assumer un chantier d’une telle ampleur.
Reconstruire et aider, mais comment ?
Face à ce désastre, la solidarité nationale doit être au rendez-vous. La situation dramatique sur place appelle un engagement exceptionnel de l’Etat et de ses services : réponse humanitaire dans un premier temps, mais également une réponse à long terme pour répondre aux besoins éducatifs et sociaux d’un territoire qui a trop longtemps été oublié.
Mayotte, comme d’autres territoires ultra-marins, est en première ligne face aux conséquences du réchauffement climatique. La montée des eaux, l’intensification des cyclones et l’érosion des sols aggravent une fragilité déjà importante. Cette catastrophe doit également être l’occasion de repenser l’adaptation des infrastructures scolaires et publiques aux défis climatiques à venir.
Membre du CA de Solidarité Laïque, la FSU-SNUipp appelle d’ores et déjà à participer à la campagne de dons mise en place par cette dernière, tout en exigeant des réponses politiques à la hauteur des enjeux environnementaux, sociaux et éducatifs.
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