Après son abandon suite à la dissolution en 2024, la réforme de la formation initiale a été remise sur la table au pas de course par le gouvernement Bayrou. Les groupes de travail (6 au total), n’ont débuté que fin mars 2025. Alors que ceux-ci n’ont même pas été tous réunis, les premiers décrets et arrêtés concernant cette réforme ont déjà été publiés : le mépris de ce gouvernement envers les organisations syndicales est confirmé une fois de plus.
Place du concours et modifications des épreuves
Dès la session 2026, le concours de recrutement sera accessible dès la L3.
Ce nouveau concours comportera 2 épreuves écrites et 2 épreuves orales.
- Épreuves d’admissibilité :
La 1re épreuve d’admissibilité (4h) vise « à évaluer les connaissances disciplinaires en français et en mathématiques du candidat. » Elle comporte une partie sur le français et une partie sur les mathématiques.
La 2e épreuve écrite (4h) évaluera les candidat es sur tous les autres domaines hormis l’EPS : histoire-géographie et enseignement moral et civique, sciences et technologie, arts et en langue vivante. Les candidat es répondront à des questions sur 3 domaines de leur choix. - Épreuves d’admission :
La 1re épreuve (1h) consiste en un exposé à partir de documents, en mathématiques ou en français (au choix des candidat es) .
La 2e épreuve (55 min) comporte une 1re partie sur l’EPS. Dans la seconde partie, on retrouve l’entretien avec le jury sur la motivation et les éléments de parcours et expériences des candidat es, épreuve déjà dénoncée par la FSU-SNUipp.
A l’heure actuelle, seules les épreuves des concours externes sont modifiées. Nous ne savons pas encore ce qu’il en sera des épreuves des 2d concours internes et du 3e concours.
Les sessions 2026 et 2027 du CRPE verront cohabiter deux concours : à bac +3 et à bac +5. À partir de la session 2028, il n’y aura plus que le concours bac+3.
A ce jour, les nouvelles épreuves zéro du CRPE n’ont pas encore été publiées. Par ailleurs, contrairement à ce qui avait été annoncé, il n’y aura pas de groupe de travail sur le sujet.
Pour mémoire, les épreuves présentées en juin 2024, dénoncées par la FSU-SNuipp, mettaient complètement de côté l’évaluation des compétences réflexives des candidat es au profit de l’évaluation de simples connaissances de niveau cycle 4 sous forme de QCM.
Organisation de la formation initiale
Les lauréat
es des concours externes entreront ensuite en formation initiale au sein des INSPE pour l’obtention d’un master M2E (métier de l’enseignement et de l’éducation). Leur titularisation (excepté les dispensé es de diplôme) est soumise à l’obtention du Master.- Année de M1 : sous statut d’élève fonctionnaire avec une rémunération de 1 400 € net, elle comporte 12 semaines de stage en observation et pratique accompagnée.
- Année de M2 : sous statut de fonctionnaire stagiaire avec une rémunération de 1 800 € net. Ces stagiaires seront utilisé es comme moyen d’emploi et seront en responsabilité de classe à 50%.
Nous ne savons pas à l’heure actuelle qui seront les formateurs et formatrices.
Pour valider leur master, les stagiaires ne devront pas produire un mémoire de recherche mais un simple mémoire de stage. Cela représente une véritable rupture en termes de formation universitaire et de lien avec la recherche.
Les lauréat es des 2d concours interne, 3e concours ou encore les lauréat es des concours externes dispensé es de diplôme ou titulaire d’un M1 seront directement recruté es sous statut de fonctionnaire stagiaire en M2 et donc en responsabilité de classe à 50%. La mise en responsabilité en M2 est supérieure à ce qui est fait actuellement.
Nouvelle Licence Professorat des écoles (LPE)
Dès la rentrée 2026, une nouvelle licence Professorat des écoles (LPE) sera accessible post bac. Elle devrait comporter 4 blocs de formation :
1 - S’APPROPRIER LES SAVOIRS POUR ENSEIGNER À L’ÉCOLE PRIMAIRE | 1 110 heures | 125 ECTS |
2 - ANALYSER LES CARACTÉRISTIQUES DES SITUATIONS ET DES CONTEXTES D’ENSEIGNEMENT APPRENTISSAGE | 120 heures | 15 ECTS |
3 - S’APPROPRIER LE CADRE INSTITUTIONNEL D’EXERCICE DU MÉTIER | 120 heures | 15 ECTS |
4 - CONSTRUIRE SON PROJET PROFESSIONNEL | 120 heures | 15 ECTS |
+ ADAPTATION À CHAQUE TERRITOIRE | Au moins 100 heures | 10 ECTS |
et au moins 10 semaines de stage |
Le bloc 1 est uniquement disciplinaire, sans didactique et sans envisager ces disciplines par le prisme de la polyvalence.
Il représente 70% de la formation et la part de mathématiques et de français y est très importante :
- 240h chacun pour maths et français,
- 108h chacun pour Sciences et technologie, HG/EMC, EPS, LV, enseignements artistiques,
- 30h de transition écologique et développement soutenable.
Au cours de la licence, les étudiant
es effectueront au moins 10 semaines de stage dont 6 à l’école primaire et 4 dans d’autres contextes éducatifs (éducation spécialisée, collège, périscolaire, associations, classes de découverte, etc.) ou à l’international.Cette licence risque d’appauvrir le métier tout en enfermant les étudiant es dans une formation qui n’offre pas de perspective de réorientation, contrairement aux licences pluridisciplinaires ou de sciences de l’éducation qui existent déjà.
Pour la FSU-SNuipp, la mainmise du ministère sur la formation dès le post-bac fait porter un gros risque de formatage induisant l’engagement des futur es PE dans la mise en œuvre de « bonnes pratiques » prônées par le MEN et contraire à l’engagement pour la réussite de tou tes les élèves.
Dispenses d’épreuves d’admissibilité
Les candidat
Nous ne savons pas encore comment seront classé es ces candidat es à l’issue des épreuves d’admission. Le ministère a évoqué la possibilité qu’ils et elles se voient attribuer la note moyenne des épreuves d’admissibilité de leur académie mais pour le moment, aucune position n’est arrêtée.
Engagement à servir
À compter de la date de leur titularisation, les lauréat
Suite aux interventions de la FSU-SNUipp auprès de la Ministre, le décret devrait être modifié pour imposer cet engagement seulement aux lauréats des concours effectuant les deux années de Master rémunérées.