Chaque année, c’est la même impression : la rentrée ressemble à un manège lancé à toute vitesse. Les réunions s’enchaînent, les projets s’élaborent, les climats de classe s’instaurent. Entre la gestion des emplois du temps, les préparations et les imprévus, on a l’impression de courir après chaque minute… jusqu’au vertige.
Et pourtant, au cœur de cette agitation, il est essentiel de garder en tête une évidence : une journée de classe n’est qu’une journée.
Trente-six semaines de classe s’ouvrent devant nous, et ce temps devrait nous appartenir. Oui, le temps d’accompagner, d’éveiller la curiosité, de construire des savoirs ; le temps d’enseigner, d’écouter, de donner confiance ; le temps de la rencontre et de faire grandir. Un temps respectueux des élèves, mais aussi des enseignant
es et de l’ensemble des personnels, qui ont besoin de confiance et de sérénité pour exercer pleinement leur métier.Or l’Éducation nationale impose tout autre chose : objectifs chiffrés, injonctions contradictoires, évaluations standardisées, programmes imposés, formations contraignantes… Tout concourt à réduire notre métier à une suite de tâches prescrites et mesurées.
Le véritable défi, pour les enseignant es, n’est pas seulement d’enseigner, mais de résister à une pression institutionnelle toujours plus lourde, qui étouffe l’initiative professionnelle et fragilise le sens même de notre mission.
Et ce défi n’est pas isolé. En juillet dernier, Bayrou annonçait les grands contours du budget 2026_ : des économies sur le dos du peuple pour que les nanties puissent vivre dans l’opulence. Priorité des priorités : supprimer 2 jours fériés car, en pleine montée ostensible et ostentatoire des idées d’extrême droite, quoi de mieux que de faire disparaître le 8 mai de nos calendriers. Argumentaire fondé sur des prénotions et des fake news, c’est à nous de construire un contre-budget. La FSU-SNUipp 47 appelle à rejoindre, y compris par la grève, toutes les actions du 10 et 18 septembre.
Dans un monde où l’actualité nous rattrape, il est impossible de détourner le regard : partout, les droits humains fondamentaux sont bafoués, jusqu’au droit de parler et même de vivre. Face à ces atteintes répétées à la dignité humaine, comment nous, qui éduquons et enseignons, pouvons-nous nous ressourcer et trouver notre position ?
Pour notre école, les défis sont aussi nombreux qu’alarmants : continuer d’enseigner malgré une prévision budgétaire toujours plus austère annonciatrice de fermetures de classes et de réduction de personnels et de moyens, de nouveaux programmes avec des évaluations standardisées de plus en plus contraignantes. Tout semble nous pousser à courir, à obéir, à transformer l’École en simple tableau de chiffres. Et pourtant, malgré cette pression, l’École reste un espace d’émancipation et d’humanité.
Alors, faisons le pari inverse. Ralentissons. Appuyons-nous sur nos collectifs, nos équipes et nos échanges pour retrouver le sens de notre métier. Refusons de nous laisser enfermer dans des fichiers tableurs de résultats. Continuons de porter une école émancipatrice, inclusive et joyeuse, même dans la tempête. Continuons de défendre une société qui respecte pleinement les droits humains et la dignité.
Cette année, plus que jamais, c’est ensemble que nous pourrons peser. Et pour cela, un geste simple :_je me syndique.
Le secrétariat de la FSU-SNuipp 47
Guillaume Arruat, Mathieu Couderc, Jacinthe Fischer, Ghislaine Lafon, Audrey Paillé, Élodie Palpant, Christophe Portier, Sandrine Tastayre