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Prof bashing : les réponses
 Mis en ligne le 27 novembre 2024
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"C’est 24 heures par semaine, six mois de l’année. Entre les vacances et les week-ends… Alors, je sais bien, il faut préparer les cours. Maternelle, grande section…"
Voilà le discours public de Nicolas Sarkozy, ancien président de la république, le 8 novembre dernier.

Les Sarkonneries

Cet ex-président ment sciemment : la DEPP [1] évalue le temps de travail enseignant à 43H/semaine en moyenne.

Pourtant, cette attaque mensongère, dont le seul but est de discréditer les personnels des écoles, n’a suscité qu’un simple étonnement de la part de notre ministre, 72H après les déclarations de Nicolas Sarkozy et suite au questionnement d’un journaliste.
Le peu, pour ne pas dire l’absence, de réaction forte du ministère en dit long sur le soutien de notre hiérarchie face à un « prof-bashing » aussi mensonger qu’inacceptable.

Face à tout ça, la colère des personnels est légitime ! Le choix de l’austérité budgétaire va à l’encontre des intérêts de l’école, des personnels ainsi que des élèves, et plus généralement de tous les services publics.
La FSU-SNUipp avec les principales organisations syndicales de l’Education nationale et de la Fonction publique appellent à la grève le jeudi 5 décembre et d’ores et déjà à prévoir des suites à cette mobilisation pour obtenir un autre budget et gagner sur nos revendications.

Réponse courte

La FSU-SNUipp13 débunke Sarkozy :

https://13.snuipp.fr/article/la-fsu...

Réponse longue

Par Frédéric Grimaud

Dessin © Grimo

Le temps de travail des profs et le mépris de Sarkozy
La récente polémique autour des propos calomnieux de l’ancien président Nicolas Sarkozy aura eu le mérite de mettre un coup de projecteur sur une réalité que personne n’ignore : les enseignantes travaillent davantage que 24h par semaine ! Mais est-ce la seule dimension du travail hors la classe ?

1°) Retour sur une polémique

Sarko le méprisant de la République
Tout commence le 8 novembre dans le Var lorsque l’ancien président Nicolas Sarkozy, devant un parterre de personnalités sympathiques comme Kasbarian, Dussopt ou Gattaz, décide de faire une petite sortie contre les enseignantes. Ces dernières, selon lui, ne travailleraient « que 24h par semaine et (il faut dire les faits !), 6 mois par an ». La salle pouffe de rire comme lors d’un one man show où le comique, non sans humour, rétablit quelques vérités. Tout commence le 8 novembre à Saint Raphaël donc, lors des « rencontre de l’avenir » que les Républicains ne peuvent imaginer sans destruction des Services Publics, école en tête.

Le profbashing comme art stratégique du management

En réalité, Nicolas Sarkozy s’inscrit dans un mouvement général de « profbashing », qui va du vieux Bidochon que vous croisez au PMU du coin à Amélie Oudéa Castera, de votre « tonton relou » qui flingue le repas de famille, à Xavier Darcos.
D’un bout à l’autre de la société le même refrain : les fonctionnaires sont des fainéantes, en particulier les profs. Dans la bouche de politiques, ces propos semblent parfois déconnectés et dit sans véritable sérieux, mais ils peuvent aussi parfois se dire avec sérieux et gravité, et faire très mal, comme lorsque Jean-Michel Blanquer ministre déclarait que des profs peuvent « provoquer de la dyslexie ».
Ces propos, nous en avons déjà parlé dans une précédente note de blog, participent à une forme de « storytelling », une histoire, un mythe, qui raconte que l’école va mal et que c’est en partie imputable aux enseignantes qui ne se retroussent jamais assez les manches. Ce storytelling cache deux objectifs majeurs.

Tout d’abord, il permet de justifier des économies budgétaires sur le dos des catégories les plus populaires. Sarkozy le prouve bien dans son intervention puisqu’il enchaine directement par « nous n’avons pas les moyens d’avoir 1 million d’enseignants dans ce pays ». Comprenez : « Nous n’allons tout de même pas mettre à contribution les plus riches de ce pays, taxer les actionnaires ou rétablir un impôt sur la fortune, pour payer aux gosses d’ouvriers des profs qui ne foutent rien ».

La ficelle est grosse mais elle permet de maintenir le gigot au four. Ensuite, ce storytelling permet à une organisation managériale du travail de déployer une série de prescriptions descendantes censées venir inverser la tendance d’une école malade de ses profs, à grand coup de petits guides multicolores, de protocoles, d’outils innovants et autres leviers de la taylorisation du travail des enseignantes que ce blog tente de déconstruire.

Les petites phrases méprisantes envers les enseignantes servent ainsi un plus vaste projet, celui de rebattre les cartes de notre modèle social hérité de l’après-guerre.

La réaction de profs

Si les propos de l’ancien président font mal aux enseignantes, c’est parce que ce sont des travailleuses et des travailleurs, et lorsque l’on touche à leur métier, on touche à leur essence.
Insulter le métier de quelqu’un, c’est l’insulter en personne, dans son humanité. C’est pour cela que la réaction des profs a été immédiate, nous avons pu la voir sur les réseaux sociaux, dans les salles de profs, dans l’expression des directions syndicales.
Bien que tardivement, la ministre de l’Éducation a également exprimé une forme de solidarité avec le corps enseignant.
Mais il faudra attendre le 22 novembre pour qu’un professeur des écoles, Sébastien Fournier, par ailleurs syndicaliste à la FSU-SNUipp13, rétablisse l’honneur sali d’un million de ses collègues. Profitant d’une séance de dédicace de Nicolas Sarkozy, cet enseignant des quartiers nord de Marseille vient lui dire tout haut et face caméra ce que nous sommes si nombreuses et nombreux à avoir pensé : « Vous n’avez pas honte ! ». Rétablissant alors une vérité mathématique incontestable : le travail des enseignantes ne se limite pas au temps devant élève, il met en difficulté l’ancien président qui n’aura pour s’en sortir que l’option du mépris qu’on lui connait et un service d’ordre musclé.

2°) Oui les profs travaillent en dehors de la classe

[…]


Lire l’intégralité sur le Blog de Frédéric Grimaud.