L’école ne trie pas, elle émancipe
Depuis le printemps, l’Éducation nationale connaît un mouvement social d’ampleur. Le choc des savoirs cristallise tous les mécontentements des enseignant es jusqu’aux parents d’élèves en passant par les chefs et cheffes d’établissements et les IEN. Cette opposition à l’école du tri social, fondée notamment sur les « groupes de niveau » voulus par le gouvernement, est marquée par de nombreux mouvements de contestation dans plusieurs académies et a convergé vers des manifestations et mobilisations nationales et régionales ces dernières semaines.
L’École mérite mieux : plus de moyens pour abaisser les effectifs par classe, plus d’enseignant es spécialisé es et de psychologues EN pour le traitement de la grande difficulté scolaire, plus de places dans les ESMS, plus de RASED complets sur l’ensemble du territoire, plus de formation continue pour échanger sur nos métiers… Les états généraux organisés par la FSU-SNUipp ont montré toute la légitimité des enseignements adaptés et spécialisés, au sein d’une école émancipatrice ambitieuse, fondée sur « toutes et tous capables ». La promotion et le renforcement de ces enseignements sont à promouvoir, pour réinscrire notamment la prévention et l’adaptation comme des outils essentiels pour permettre à tous les élèves d’accéder aux apprentissages.
PsyEN, garder sa place
La profession des PsyEN est en crise, les postes vacants ne cessent de croître depuis 2017 alors même que les besoins des élèves deviennent de plus en plus criants. Les résultats de l’enquête FSU-SNUipp parue fin 2023 sur la situation des PsyEN illustrent bien la souffrance des personnels : secteurs chargés, manque de reconnaissance, perte de sens, conditions de travail inacceptables.
Les différents rapports sur la médecine scolaire, les projets de loi comme celui débattu au Sénat en mars 2024 proposant à nouveau le transfert des personnels des équipes pluri-professionnelles de l’EN, dont les PsyEN, aux départements volontaires, ne sont pas les réponses attendues.
Les PsyEN de la FSU portent un regard critique sur ces évolutions et ne cherchent pas à se positionner comme des personnels de santé mentale, au risque d’y perdre leur déontologie !
Les PsyEN de la FSU prônent une approche de l’enfant dans sa globalité. Que les demandes viennent des élèves ou des parents, qu’elles concernent les difficultés scolaires, les problèmes relationnels, les difficultés à grandir, toutes leurs missions contribuent au bien-être et à l’étayage du développement psychologique et social. Il n’est pas question de les dissocier.
Formateur - formatrice : un métier sous le choc ?
Les mesures du « choc des savoirs » multiplient les contraintes sur le métier enseignant : généralisation des évaluations nationales, programmes dont les attendus se fondent sur les items des évaluations, labellisation des manuels…
Subissant surcharge et perte de sens, le métier des CP et PEMF est déjà sous tension. Comment les formatrices et formateurs parviendront-ils à gérer les contradictions entre ce que prône le ministère et ce que les consensus scientifiques établissent pour œuvrer à la démocratisation de la réussite scolaire ? Leur rôle est primordial, car c’est le métier enseignant qui est attaqué frontalement, le « choc des savoirs » accélérant sa transformation en exécution de protocoles.
Cette publication propose des analyses critiques, comme le rappel de Dominique Bucheton pour qui c’est bien le travail des formateurs et formatrices qui favorise « l’auto-réflexivité [des PE] en analysant les réussites et les obstacles rencontrés », ou l’éclairage de Christian Maroy sur le rôle que la « gestion axée sur les résultats » fait jouer aux conseillères et conseillers pédagogiques québécois.
La FSU-SNUipp est aux côtés des CP et PEMF qui, en questionnant le choc des savoirs, travailleront à l’avenir du service public d’éducation.